jeudi 22 septembre 2011

Traitement des déchets : "qu'est-ce qui nous garantit qu'on ne risque rien ?"

La visite de l'usine de traitement et de valorisation des déchets ménagers, jeudi matin, a soulevé beaucoup de questions. Quelle masse de déchets ? Quelle pollution ? Comment fabrique-t-on de la chaleur ? Retour sur des explications passionnantes et sur les inquiétudes, légitimes, qu'elles peuvent provoquer.


Vu de l'extérieur, le gros assemblage de cubes gris surplombés d'une cheminée, le long de l'avenue Charles Tillon, interroge. Pour les habitants de Villejean et de Beauregard, cette usine fait partie du paysage. Les camions-poubelles y pénètrent d'un côté et déversent chaque jour tous les déchets ménagers de Rennes Métropole. En ressortent trois choses : dans des tuyaux, de l'eau chaude et de l'électricité pour environ 20000 habitants ; par la cheminée, de la vapeur d'eau... plus ou moins débarrassée de particules polluantes. Comment ça marche ?


Le plus simple, pour le comprendre, est de jeter un oeil sur cet article. En gros, les contenus des poubelles vertes (140 000 tonnes par an !) sont brûlés dans trois énormes chaudières. La chaleur produite permet de faire tourner des turbines pour produire de l'électricité vendue à EDF, et de chauffer l'eau pour tout le quartier de Villejean et Beauregard. Les fumées chargées en particules polluantes (chlore, soufre, métaux lourds, poussières, etc.) sont filtrées par des procédés divers - électrofiltre, "chaussettes", réacteur catalytique -, et évacuées par la cheminée.

La cuve accueille plus de 5000 m3 de déchets... dont beaucoup ne semblent pas avoir été correctement triés à la source !

Si en 1966, à la construction de l'usine, on ne s'inquiétait pas outre mesure pour les effets sur la santé, les contrôles se font de plus en plus drastiques au fil des ans. Et la législation évolue : lois de 2002, Grenelle de l'environnement en 2010... "on a désormais une triple certification pour améliorer le filtrage et limiter l'impact sur l'environnement", explique le directeur de l'usine.

Préoccupations des riverains

Des garanties qui n'empêchent pas, bien au contraire, les angoisses de certains riverains. Surtout lorsqu'ils entendent parler de dioxines... "Qu'est-ce qui est arrêté dans ces fameuses chaussettes ?", "quels sont les risques pour les voisins immédiats ?", "y at-il des études sur la santé des employés ?" Pour chaque question, la direction se veut rassurante. D'une part, les contrôles ont été renforcés : écrans permettant de mesurer les rejets, analyse du lait dans les fermes environnantes et des lichens, et bientôt mesure en continu des dioxines et des métaux lourds ayant échappé au filtrage. "La loi l'obligera en 2014, Rennes Métropole cherche à prendre les devants." D'autre part, la commission locale d'information et de surveillance (CLIS, voir ici pour les contrôleslà pour le contact, et là pour la composition du collège) veille au grain. Composée d'habitants, de techniciens et d'élus, elle fait régulièrement procéder à des contrôles indépendants.

Cette grosse citerne fournit de l'eau chaude à tout le nord-ouest de Rennes !

L'autre partie de l'usine permet de valoriser l'énergie récupérée sous forme de vapeur. De l'eau chaude et de l'électricité qui coûtent, au final, beaucoup moins cher à produire qu'avec du gaz ou du fioul. "Les hydrocarbures sont secondaires, ici ce sont les déchets qui créent de l'énergie." Mais toujours cette question, récurrente, des riverains : "Quand les vents nous envoient la fumée dans la figure, qu'est-ce qui nous garantie qu'on ne risque rien ?"


Bilan de cette matinée : "c'est à chacun d'être responsable des déchets qu'il jette. Il faudrait travailler à la base, améliorer le tri directement chez soi, et il y aura moins de pollution." Pour cet habitant, c'est plutôt aux industriels de s'adapter : "il y a tellement de suremballage, de publicités inutiles dans les boîtes aux lettres ! Il faudrait une loi pour les contraindre." Et comme le conclut un responsable qualité de la Ville de Rennes, "si les riverains ne veulent plus d'usine, il faudra d'abord qu'il n'y ait plus de déchets!"

Rendez-vous jeudi à 18h, à la Caravane des quartiers, pour un grand débat sur la question.

Cédric Rousseau

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